Pour tout échange il faut un langage commun obéissant à des règles : une norme.
Nous sommes entourés de normes : beaucoup sont indispensables à notre vie quotidienne comme le langage ou l’écriture, d’autres sont facilitantes, comme le système métrique ou les feux de signalisation, et certaines peuvent sembler inutiles voire contraignantes.
L’informatique : un monde d’échanges, un univers de normes
Notre métier gravite aussi autour de normes : les systèmes informatiques sont le théâtre permanent d’interactions entre les matériels et les logiciels et entre les logiciels eux-mêmes.
Ces interactions sont d’abord verticales entre la machine, l’OS et l’application, mais aussi, et de plus en plus, horizontales entre les applications elles-mêmes.
Comment naît une norme ?
Une norme peut naître du travail d’un organisme indépendant, de la volonté d’un groupe d’acteurs commerciaux ou d’un seul acteur.
On pense d’abord aux organismes dits de « normalisation » tels que l’IEEE, l’ISO ou le W3C qui, comme leur nom l’indique, ont pour vocation de compiler les demandes pour en tirer une définition commune sans parti pris.
Leur production est riche, très souvent complexe car soucieuse de ménager les parties, et peut aboutir à des succès indéniables (le Web et l’HTML) ou des échecs notoires comme le protocole réseau ISO ou la messagerie X400.
Une norme peut aussi naître d’une initiative individuelle mais suffisamment brillante pour s’imposer. Les travaux de Xerox qui ont abouti à la création d’Ethernet ou du DOD et du groupe DARPA à TCP/IP en sont des exemples clairs.
Le travail d’un groupe d’acteurs « contraints » de s’associer pour échanger, et donc d’adopter un langage commun, permet également d’y parvenir.
Quid des échecs ?
Mais certaines normes ont pu naître aussi d’intérêts particuliers, comme Token Ring qui a longtemps freiné le développement des réseaux locaux, ou bien encore le format de stockage des documents Word qui fut un chef d’œuvre d’incompatibilités de version en version. Toutes deux ont maintenant disparu mais ont laissé des traces…
On peut citer aussi des normes dévoyées comme le Basic qui a force de déclinaisons incompatibles a fini par quasiment s’éteindre ou même LDAP quasiment annihilé par Active Directory après avoir vaincu X400.
On pense aussi aux normes réseaux comme SNMP ou SMTP qui sont certes toujours d’actualité, mais qui obligent à de multiples contorsions pour une utilisation efficiente.
Comment reconnaître une bonne norme
Quand une norme est jeune, il est tentant d’attendre qu’elle s’impose avant de l’adopter mais c’est prendre le risque de rester à la traîne dans un secteur où l’innovation est souvent la clé de la survie.
Une bonne norme est avant tout simple. Qui se souvient encore de DMI et de sa MIB de 1000 pages, fruit des particularismes de chacun de ses acteurs ?
Une bonne norme doit être pérenne et donc évolutive pour durer. C’est sans doute le point le plus difficile à anticiper mais il découle de la condition précédente : si la formulation est simple elle saura s’adapter au gré des besoins.
Au final, une bonne norme ne doit pas dépendre d’un acteur unique.
Alors oui, si ces conditions sont réunies, donnez lui sa chance !
Olivier Piochaud, Président Directeur Général d’Apsynet