Entre les mails au bureau, les mails à la maison, sans compter les sms, les messages Skype ou Slack, les appels téléphoniques… Oui, cela fait beaucoup et on peut vite se sentir écrasé, étouffé par ce flux incessant de communications.
Concrètement, d’après une étude récente d’Arobase, l’e-mail professionnel en 2016 c’est :
- 88 courriels reçus et 34 envoyés en moyenne, par jour et par personne
- 30 % du temps de travail passé à consulter ses mails
- 74 % de cadres français qui consultent leurs mails en dehors des horaires de travail, 37 % d’actifs en général
- 43 % de salariés qui sont interrompus au-moins toutes les 10 minutes
- 69% de cadres français qui consultent leurs mails depuis leur téléphone mobile
Ces chiffres sont, somme toute, très révélateurs d’une hyper-connectivité liée au travail.
C’est en partie ce que la loi El Khomri tente de réguler depuis le 1er Janvier 2017, en rendant obligatoire le droit à la déconnexion.
Le droit à la déconnexion, qu’est ce que c’est ?
Ce droit concerne les entreprises de plus de 50 salariés, qui disposent donc potentiellement d’un délégué syndical. Il vise à « assurer le respect des temps de repos et de congés » ainsi que l’équilibre entre la vie professionnelle, la vie privée et la vie familiale.
Il n’y a pas à proprement parler de définition légale du droit à la déconnexion. Son application doit résulter d’un dialogue entre les partenaires sociaux et l’entreprise, qui déterminent ainsi les modalités de son exercice.
D’un sens, c’est sans doute mieux ainsi, puisqu’on imagine mal une firme internationale se voir interdire la connexion entre 19h et 7h du matin, alors qu’elle communique avec ses clients et partenaires sur plusieurs créneaux horaires.
Nous ne sommes donc pas là face à une déconnexion totale entre les heures de travail mais plutôt face à une volonté de sensibiliser les salariés, qui doivent apprendre à dissocier l’urgent de ce qui peut attendre.
La sur-connexion présente-t-elle réellement un risque ?
On recense effectivement plusieurs troubles et risques liés à une connexion abusive :
- La cyberdépendance, qui est en passe de devenir l’addiction la plus répandue, devant l’alcoolisme et la toxicomanie
- Le stress, le burn-out, liés à une surcharge de travail
- Le manque de repos
- La perte de concentration
- Le retard dans le travail et la perte d’efficacité
- La disparition de la frontière entre la vie professionnelle et la vie privée
- La culture de l’urgence
- L’association d’envois abusifs de mails à du harcèlement moral
Comment appliquer le droit à la déconnexion ?
Il est important de convenir que le stress lié à l’hyper-connectivité ne vient pas de l’outil lui-même mais des (vilains) managers qui poussent leurs salariés à les utiliser de manière irraisonnée.
Les salariés qui sont habitués à consulter leurs emails ne s’arrêteront pas d’eux-mêmes en changeant leurs reflexes, il est donc de la responsabilité des managers d’encadrer la déconnexion en se montrant rigoureux et exemplaires. S’octroyer le droit à la déconnexion est un tout qui touche sensiblement les mentalités et les cultures.
Pour cela, il suffit d’inculquer quelques nouvelles habitudes :
- Proscrire le management oppressant par sms, mails et téléphone
- Hiérarchiser les missions pour que les salariés apprennent qu’il est des tâches qui ne sont pas urgentissimes, qu’ils peuvent donc souffler un peu
- Mettre en place des instruments de régulation, par exemple, un système d’alerte qui se déclenche si le salarié se connecte au-delà de son temps de travail et ne respecte pas son repos quotidien
Ainsi, le reflexe de la déconnexion ne deviendra pas coutume du jour au lendemain (difficile quand on pense qu’on regarde notre cher petit appareil téléphonique 221 fois par jour en moyenne !) Mais rien n’est impossible, petit à petit, par un bon travail d’équipe et de sensibilisation, par un changement des mentalités et des cultures en entreprises, on devrait y arriver !
Anne, Responsable Marketing chez Apsynet