Non ce n’est pas un article sur le monde du travail et les difficultés des « Ouvriers Spécialisés », comme on les appelait au siècle dernier, à trouver un emploi stable. Derrière ce titre un peu abscons et l’acronyme OS se cache le système d’exploitation de nos ordinateurs :  l’Operating System.

De façon plus ou moins régulière, leurs concepteurs nous proposent des évolutions voire (au moins dans leur communication) des révolutions.

Pour nous motiver, ils décident aussi de la fin de vie des anciennes versions et bien entendu nous informent avec moult détails du cortège des conséquences néfastes pour ceux qui traîneraient un peu trop à adopter la dernière mouture de leur production.

Alors, faut-il les suivre ou bien garder le plus longtemps possible les solutions qui marchent ? Qui décide de changer ? Et quels sont les obstacles humains et techniques ?

 

Les forces en présence

Face à la communication des éditeurs, la résistance (au changement bien-sûr) doit s’organiser.

Bien évidemment un système d’information est géré par des hommes aux métiers différents qui n’ont pas forcément les mêmes problématiques. Plaçons-nous donc du point de vue de ceux d’entre eux qui sont les plus actifs pour ce type de décision.

 

L’utilisateur final

À tout seigneur, tout honneur, il est celui qui est confronté au quotidien au changement apporté par l’évolution.

Un utilisateur capable d’adapter ses méthodes de travail et ses réflexes sera plus facilement réceptif aux gains apportés par des versions récentes : nouvelle ergonomie, dont on peut raisonnablement penser qu’elle progresse, nouvelles fonctionnalités pour des usages plus larges de l’outil informatique.

Ceci dit en général on ne le lui demande pas vraiment son avis, on verra plus loin pourquoi. Au mieux il peut choisir lors d’un renouvellement de matériel, de rester sur un OS ou de disposer de la nouvelle version, mais par défaut la norme est la même version pour tous.

On note toutefois une plus grande liberté dans les mondes Linux ou Macintosh qu’en ce qui concerne les parcs PC sous Windows, par la mécanique des mises à jour automatiques. C’est d’ailleurs ce qu’essaye de proposer Microsoft avec Windows 10 en intégrant des mises à jour importantes dans le flux des correctifs de sécurité.

 

Le Responsable sécurité

Pour lui la messe est dite, passé une première phase de « défaut de jeunesse », une évolution est la garantie d’une meilleure sécurité, donc pas de doute la dernière version est clairement le bon choix.

 

Le Responsable Infrastructure et Réseau

Pour lui rien de plus ennuyeux que de gouverner un réseau composé de multiples versions des systèmes, avec sa cohorte de cas particuliers, que ce soit pour les serveurs que pour les postes, il ne veut voir qu’une seule tête, peu importe laquelle d’ailleurs, mais une seule.

 

Les Responsables applicatifs

Ils sont dépendants des développeurs, mais pour eux toute nouvelle version est bonne à prendre, sous réserve que les applications n’en souffrent pas, mais c’est rarement aussi simple que cela.

Car les développeurs ne peuvent jamais garantir qu’un logiciel qui fonctionne sous la version N d’un système fonctionnera sous la version N+1. Cela requiert des tests et dans la quasi-totalité des cas des ajustements, et je ne parle pas des applications Web qui ont réussi à prolonger la vie de Windows XP de plusieurs années au travers d’Internet Explorer 9.

 

Les développeurs

Il ne reste donc plus que le responsable de tous les maux, le développeur des applications. Sa tâche n’est pas simple, car il doit non seulement s’assurer de respecter les règles des systèmes dans son propre code mais aussi que les composants qu’il utilise le fassent aussi, et ce n’est évidemment pas testable en amont. Pire, certaines fonctions systèmes sont abandonnées par les nouvelles versions. « Deprecated » est le terme exact, ce qui signifie que cela peut fonctionner, ou pas …

Alors ne pensez pas qu’il détourne sciemment le système ou laisse traîner des bugs, il est victime du changement comme tous les autres.

 

Alors on migre ou pas ?

Le fond du problème est que, quand bien même il ne resterait qu’une seule application critique ne supportant pas le nouveau système, une organisation entière peut se retrouver bloquée.

Alors avant de migrer en masse, impliquez chacun des acteurs internes ou externes pour valider l’impact des changements et ne prenez pas pour argent comptant les arguments qui nous vantent la compatibilité descendante des systèmes, sans remonter jusqu’au flop d’OS/2 qui se prétendait capable supporter les applications Windows 3 , on sait tous bien que ce n’est que très partiellement vrai.

 

Olivier Piochaud, Président Directeur Général d’Apsynet

 

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