Depuis plusieurs années, l’État s’est engagé dans une démarche de simplification et de modernisation de la gestion publique locale. Le Compte Financier Unique (ou plus couramment CFU) s’inscrit pleinement dans cette dynamique. Expérimenté depuis 2021, il devient progressivement obligatoire pour certaines collectivités et établissements publics.
Mais de quoi s’agit-il exactement, et que change-t-il pour les élus et les services ?
Le CFU, qu’est-ce donc ?
Le Compte Financier Unique remplace deux documents comptables jusqu’ici distincts :
- Le Compte administratif (CA), établi par l’ordonnateur (le maire ou le président),
- Le Compte de gestion, établi par le comptable public (la DGFIP).
Le CFU fusionne ces deux documents en un état unique, commun à l’ordonnateur et au comptable, permettant une vision consolidée, cohérente et partagée de la gestion budgétaire et financière de la collectivité.
Les objectifs du CFU
Le Compte Financier Unique vise à :
- Simplifier les processus comptables :
- En fusionnant le compte administratif et le compte de gestion, le CFU permet de supprimer la double production documentaire
- L’allègement des procédures implique moins de saisies redondantes, moins de travail de réconciliation entre ordonnateur et comptable
- Le processus décisionnel des assemblées délibérantes est simplifié puisqu’il n’y a plus qu’un seul document à voter.
- Renforcer la lisibilité et la transparence financière :
- Un document unique est plus lisible pour les élus, les citoyens et les partenaires institutionnels
- La cohérence immédiate entre la comptabilité de l’ordonnateur et celle du comptable offre une vision consolidée de la situation financière
- Une meilleure traçabilité des mouvements financiers et des équilibres budgétaires, qui peut être soutenue par l’inventaire physique couplé à un rapprochement comptable
- Accélérer la clôture budgétaire et le dialogue de gestion entre ordonnateur et comptable :
- Rapprochement des points de vue de l’ordonnateur et du comptable
- L’analyse de la gestion financière (suivi des engagements, consommation des crédits, analyse de la trésorerie est facilitée
- Favorise les échanges anticipés pour identifier et résoudre les écarts ou incohérences
- Raccourcissement des délais entre la clôture comptable et la validation politique des comptes
- Gain de temps pour la préparation budgétaire de l’exercice suivant
- Calendrier harmonisé avec les exigences du pilotage financier moderne
- Améliorer la qualité de l’information comptable et financière :
- Réduction des erreurs et des écarts entre les deux comptes
- Renforcement du contrôle interne comptable et financier (CICF)
- Amélioration de la fiabilité des données, nécessaire pour l’analyse financière, la certification des comptes et les relations avec des partenaires tels que les banques, l’Etat, les bailleurs, etc.
- Préparer les évolutions futures :
- Le CFU constitue un préambule à la transformation numérique de la comptabilité publique locale
- Il ouvre la vie à de nouveaux outils d’analyse, de reporting et d’aide à la décision
Il s’inscrit dans une logique de transparence démocratique et de redevabilité accrue vis-à-vis des citoyens
Une généralisation progressive
De 2019 à 2023, une phase d’expérimentation a permis à plus de 1200 collectivités volontaires de tester le CFU, avec un accompagnement de la DGFIP.
Cette expérimentation a permis de :
- Tester les formats et contenus du CFU
- Ajuster les outils informatiques, notamment Helios
- Former les acteurs locaux
- Recueillir les retours pour affiner le dispositif
- 2024 : obligation pour les communes et EPCI de plus de 3 500 habitants et leurs groupements, ainsi que les départements et régions
- 2025 : extension à toutes les autres collectivités et EPCI, quelle que soit leur taille
- 2026 : généralisation aux établissements publics locaux (établissements publics administratifs locaux, CCAS, établissements culturels, etc., si ce n’est pas déjà en place.
Quels bénéfices pour les collectivités ?
Le CFU n’est pas seulement une obligation réglementaire : il représente aussi une opportunité pour améliorer la gouvernance locale.
– Moins de doublons : une production comptable allégée.
– Un seul document à soumettre au vote de l’assemblée.
– Un support plus lisible pour le débat sur la gestion financière locale.
– Un outil précieux pour préparer le budget de l’année suivante et pour piloter les projets d’investissement.
Comment s’y préparer ?
Pour anticiper la mise en place du CFU, les collectivités peuvent :
- Se former via les webinaires de la DGFIP ou les formations CNFPT,
- Mettre à jour leurs outils de gestion financière,
- Dialoguer avec leur comptable public pour s’accorder sur les nouvelles modalités de travail,
- Participer à des groupes de travail ou des retours d’expérience.
Le Compte Financier Unique est une réforme structurante qui demande une appropriation progressive mais offre des gains en efficacité, en transparence et en pilotage. C’est une belle opportunité pour renforcer la confiance entre l’administration, les élus et les citoyens.
Anne, Directrice Commerciale d’Apsynet