« Bonjour Monsieur Laurent, comment allez-vous depuis notre dernière rencontre ? ».
Nous nous invitons discrètement dans un comité de suivi, lié au projet de certification des comptes de l’entreprise. Mme Lebreton et Mr Laurent se rencontrent pour la première fois depuis notre premier épisode où M. Laurent découvrait les bienfaits de l’étiquetage.
M. Laurent
Bonjour Mme Lebreton, ravi de vous retrouver. Oui, tout va bien, nous avons fini notre campagne d’inventaire il y a maintenant 6 mois, les opérations de rapprochement se sont bien passées.
Nous avons pu nous-même assurer cette campagne, avec l’aide de quelques stagiaires.
Mme Lebreton
Ah c’est parfait ! Effectivement j’ai vu passer une commande de 50.000 étiquettes non repositionnables. Vous vous êtes bien débrouillé, d’ailleurs, vous avez eu un très bon prix.
Cependant, je suis étonnée de voir si peu d’étiquetages dans la salle de réunion où nous sommes. À part le vidéo projecteur, l’écran de projection, les téléphones et la pieuvre, je n’en vois pas d’autres.
M. Laurent
Pour les prix, c’est une histoire de volume et de simplicité. Nous avons demandé des étiquettes numérotées séquentiellement de L000001 à L050001, en prenant bien soin de les préfixer d’une lettre comme vous nous l’avez conseillé. Par contre, aucune personnalisation, aucun logo. Question d’économies.
En ce qui concerne le peu d’étiquettes que vous voyez dans cette salle, c’est une histoire de pragmatisme, teintée d’un fond de bon sens.
Mme Lebreton
Pragmatisme, bon sens, je reconnais bien là votre sens pratique..
M. Laurent
Oui, il y a la théorie, que vous m’avez fort bien exposée il y a un an. Et puis la réalité du terrain. Il faut faire le rapport entre gain/efficacité/faisabilité par vis-à-vis de l’objectif. Cet objectif c’est de pouvoir mettre en rapport des quantités entre le terrain et la comptabilité.
Prenons l’exemple de cette salle de réunion. Il y a 15 chaises. Ces chaises ont dû bouger plus d’une dizaine de fois entre cette salle et les autres salles de réunion. Si nous les avions toutes étiquetées, nous aurions alors découvert un gigantesque mélange entre les salles lors du contrôle d’inventaire.
Mais pour quel gain ?
Mme Lebreton
Eh bien, cela vous permettrait d’un inventaire sur l’autre de savoir quelles sont les chaises qui ont disparu, à cause de leur vétusté, ou tout autre raison justifiant leur sortie de l’inventaire comptable.
M. Laurent
Là encore, quel intérêt ? Une chaise n’est pas fondamentalement garantie. Si une chaise casse, on la remplace. Notre objectif, ne l’oublions pas, c’est de mettre en rapport des quantités.
La notion de « Constat » est dans ce cas là la meilleure démarche.
Lors de notre campagne d’inventaire, pour reprendre l’exemple des chaises de réunion, nous avons « Constaté » 54 chaises de réunion sur un total attendu de 60. Nous avons donc fait une écriture de sortie des immos de 6 chaises.
Mme Lebreton
Oui, mais comment pouviez-vous savoir sur quelle immo imputer cette sortie ?
M. Laurent
C’est très simple.. Sur la plus ancienne en termes de date d’acquisition. C’est à la fois logique et efficace. Dans 90% des cas, les plus anciennes sont déjà amorties, avec une valeur résiduelle de 0€. C’est donc une opération blanche en ce qui concerne la valorisation du parc.
Mme Lebreton
Ah oui, bien joué. Effectivement, je vois très bien la démarche. Mais du coup, comment avez-vous fait la part des choses entre ce qui doit être étiqueté de ce qui ne doit pas l’être ?
M. Laurent
Il y a un petit travail de préparation à faire. Nous avons identifié les grandes nomenclatures sur lesquelles un étiquetage était nécessaire et celles sur lesquelles il était inutile. Pour déterminer cette utilité, nous sommes posé pour chaque nomenclature 3 questions :
– Est il possible de coller une étiquette sur l’objet ?
– L’étiquette pourra-t-elle résister à l’usage ?
– L’unicité de l’identification est-elle nécessaire ?
Si nous ne pouvions pas répondre « oui » aux 3 questions, nous n’étiquetions pas.
Nous avons ensuite fait l’effort d’attacher les immos à une entrée des grandes nomenclatures que nous avons définies. Du coup, lors de la campagne d’inventaire, l’inventoriste était immédiatement informé si ce qu’il inventoriait devait ou non être étiqueté.
Mme Lebreton
Je suis impressionnée, M. Laurent, de cette maturité que vous avez maintenant, dans l’approche que vous avez de l’inventaire, par rapport à l’année dernière où vous me demandiez à quoi servait l’étiquetage.
M. Laurent
Disons que j’ai un peu triché. Toutes ces idées ne sont pas de moi. Lors du dernier congrès où j’ai participé, j’ai pu beaucoup discuter avec un gestionnaire qui doit piloter l’inventaire d’un parc gigantesque et qui a de nombreuses années d’expérience.
Mme Lebreton
Ah je comprends mieux. Vous avez très bien fait. Je vous avais promis que nous parlerions des différentes techniques d’inventaire, comme le Wall2Wall, inventaire en aveugle, etc., mais là il faut vraiment que nous démarrions la réunion..
Si vous suivez mon blog, j’écrirais rapidement un petit topo là-dessus.
Nous quittons discrètement la réunion, pour ne pas en perturber le déroulement. Nous continuerons de suivre régulièrement les « aventures de Mme Lebreton et M. Laurent ».
Thierry Schmitt, Directeur du Consulting chez Apsynet